lundi 19 octobre 2020

DALAYRAC (Nicolas)

 DALAYRAC (Nicolas)

(le 8 juin 1753 - le 27 novembre 1809)  selon Wikipedia


DALAYRAC (Nicolas), compositeur dramatique, naquit à Muret en Languedoc, le 13(sic) juin 1753.  Dès son enfance, un goût passionné pour la musique se manifesta en lui; mais son père, subdélégué de la province, qui n'aimait point cet art, et qui destinait le jeune Dalayrac au barreau, ne consentit qu'avec peine à lui donner un maître de violon, qui lui fit bientôt négliger le Digeste et ses commentateurs.  Le père s'en aperçut, supprima le maître, et notre musicien n'eut d'autre ressource que de monter tous les soirs sur le toit de la maison pour étudier sans être entendu.  Les religieuses d'un couvent voisin trahirent son secret; alors ses parents, vaincus par tant de persévérance, et craignant que cette manière  d'étudier n'exposât les jours de leur fils, lui laissèrent la liberté de suivre son penchant.  


Désespérant d'en faire un jurisconsulte, on l'envoya à Paris en 1774, pour être placé dans les gardes du comte d'Artois. Arrivé dans cette ville, Dalayrac ne tarda point à se lier avec plusieurs artistes, particulièrement avec Langlé, élève de Caffaro, qui lui enseigna l'harmonie. Ses premiers essais furent des quatuors de violon, qu'il publia sous le nom d'un compositeur italien. Poussé par un goût irrésistible vers la carrière du théâtre, il écrivit en 1781 la musique de deux opéras-comiques intitulés le Petit Souper et le Chevalier à la mode, qui furent représentés à la cour et qui obtinrent du succès. Enhardi par cet heureux essai, il se hasarda sur le théâtre de l'Opéra-Comique, et débuta en 1782 par l'Éclipse totale, qui fut suivie du Corsaire, en 1783.  Dès lors il se livra entièrement à la scène française; et dans l'espace de vingt-six ans, ses travaux, presque tous  couronnés par le succès, s'élevèrent au nombre de cinquante opéras.


En voici la liste avec les dates :

1° L'Éclipse totale, 1782.

2° Le Corsaire, 1783.

3° Les Deux Tuteurs, 1784.

4° La Dot, 1785.

5° L’Amant-statue, id.

6° Nina, 1786.

7° Azemia, 1787.

8° Renaud d'Ast, id.

9° Sargines, 1788.

10° Raoul de Créqui, 1789.

11° Les Deux Petits Savoyards, id.

12° Fanchette, id.

13° La Soirée orageuse, 1790.

14° Vert-Vert, id.

15° Philippe et Georgette, 1791.

16° Camille, ou le Souterrain, id.

17° Agnès et Olivier, id.

18° Élise Hortense, 1792.

19° L'Actrice chez elle, id.

20° Ambroise, ou Voilà ma journée, 1793.

21° Roméo et Juliette, id.

22° Urgande et Merlin, id.

23° La Prise de Toulon, id.

24° Adèle et Dorsan, 1794.

25° Arnill, 1795.

26° Marianne, id.

27° Pauvre Femme, id.

28° La Famille américaine, 1796.

29° Gulnare, 1797.

30° La Maison isolée, id.

31° Primerose, 1798.

32° Alexis, ou l'Erreur d'un bon père, id.

33° Le Château de Monténéro, id.

34° Les Deux Mots, id.

35° Adolphe et Clara, 1799.

36° Laure, id.

37° La Leçon, ou la Tasse de glace, id.

38° Catinat, 1800.

39° Le Rocher de Leucade, id.

40° Maison à vendre, id.

41° La Boucle de cheveux, 1801.

42° La tour de Neustadt, id.

43° Picaros et Diégo,1803.

44° Une Heure de mariage, 1804

45° La Jeune Prude, id.

46° Gulistan,1805.

47° Lina, ou le Mystère,1807.

48° Koulouf, ou les Chinois, 1808.

49° Le Poète et le Musicien, 1811.


En 1804 il avait donné à l'Opéra un ouvrage intitulé Le Pavillon du Calife, en un acte; depuis sa mort on a arrangé cette pièce pour le théâtre Feydeau, où elle a été représentée en 1822, sous le titre du Pavillon des Fleurs.


Dalayrac avait le mérite de bien sentir l'effet dramatique et d'arranger sa musique convenablement pour la scène.  Son chant est gracieux et facile, surtout dans ses premiers ouvrages; malheureusement ce ton naturel dégénère quelquefois en trivialité.  Nul n'a fait autant que lui de jolies romances et de petits airs devenus populaires; genre de talent nécessaire pour réussir auprès des Français, plus chansonniers que musiciens. Son orchestre a le défaut de manquer souvent d'élégance; cependant il donnait quelquefois à ses accompagnements une couleur locale assez heureuse : tels sont l'opéra de Camille, de celui de Nina, du chœur des matelots d’Azémia et de quelques autres.  On peut lui reprocher d'avoir donné souvent à sa musique des proportions mesquines; mais ce défaut était la conséquence du choix de la plupart des pièces sur lesquelles il écrivait; pièces plus convenables pour faire des comédies ou des vaudevilles que des opéras. Que faire, en effet, sur des ouvrages tels que la Deux Auteurs, Philippe et Georgette, Ambroise, Marianne, Catinat, la Boucle de Cheveux, Une Heure de mariage, la Jeune Prude, et tant d'autres? 


Dalayrac était lié avec quelques gens de lettres qui ne manquaient pas de lui dire, en lui remettant leur ouvrage: « Voici ma pièce; elle pourrait se passer de musique; ayez donc soin de ne point en ralentir la marche.»  Partout ailleurs un pareil langage eût révolté le musicien; mais, en France, le public se connaissait en musique comme les poètes, et, pourvu qu'il y eut des chansons, le succès n'était pas douteux.  C'est à ces circonstances qu'il faut attribuer le peu d'estime qu'ont les étrangers pour le talent de ce compositeur, et l'espèce de dédain avec lequel ils ont repoussé ses productions. Ce dédain est cependant une injustice; car on trouve dans ses opéras un assez grand nombre de morceaux dignes d'éloge. Presque tout Camille est excellent; rien de plus dramatique que le trio de la cloche au premier acte, le duo de Camille et d'Alberti, et les deux premiers finales.  La couleur de Nina est sentimentale et vraie; enfin on trouve dans Azémia, dans Roméo et Juliette, et dans quelques autres opéras, des inspirations très-heureuses.


Deux pièces de Dalayrac, Nina et Camille, ont été traduites en italien et mises en musique, la première par Paisiello, et la seconde par Paër; et comme on veut presque toujours comparer des choses faites dans les systèmes qui n'ont point d'analogie, les journalistes n’ont pas manqué d'immoler Paisiello à Dalayrac, et d'exalter l'œuvre du musicien français aux dépens de celle du grand maître italien.  Sans doute la Nina française est excellente pour le pays où elle a été faite; mais le chœur Dormi o cara, l'air de Nina au premier acte, l'admirable quatuor Come! partir! et le duo de Nina et de Lindoro, sont des choses d'un ordre si supérieur, que Dalayrac, entrainé par ses habitudes, et peut-être par ses préjugés, n'eût pu même en concevoir le plan.  Il est vrai que le public parisien a pensé longtemps comme les journalistes; mais ce n'est pas la faute de Paisiello.


Le talent estimable de Dalayrac était rehaussé par la noblesse de son caractère.  En 1790, au moment où la faillite du banquier Savalette de Lange venait de lui enlever le fruit de dix ans de travaux et d'économie, il annula le testament de son père qui l’instituait son héritier au préjudice d'un frère cadet.  Il reçut en 1798, sans l'avoir sollicité, le diplôme de membre de l'Académie de Stockholm, et, quelques années après, fut fait chevalier de la Légion d'honneur, lors de l'institution de cet ordre. Il venait de finir son opéra: le Poète et le Musicien, qu'il affectionnait, lorsqu'il mourut à Paris, le 27 novembre 1809, sans avoir pu mettre en scène ce dernier ouvrage.  Il fut inhumé dans son jardin à Fontenay-sous-Bois.  Son buste, exécuté par Cartelier, été placé dans le foyer de l'Opéra-Comique, et sa vie écrite par R.C.G.P.(René-Charles-Guilbert Pixerécourt), a été publiée à Paris, en 1810, un vol. in-12.


Après que l'assemblée nationale eut rendu les décrets qui réglaient les droits de la propriété des auteurs dramatiques, les directeurs de spectacles se réunirent pour élever des contestations contre les dispositions de ces décrets, et firent paraître une brochure à ce sujet.  Peu de temps après la publication de cet écrit, Dalayrac fit imprimer une réfutation de ce qu'il contenait, sous ce titre: Réponse de Dalayrac à MM.les directeurs de spectacles, réclamant contre deux décrets de l'Assemblée nationale de 1789, lue au comité d'instruction publique, le 26 décembre 1791; Paris, 1791, dix-sept pages in-8°.



Extrait de Tome II; P.411-413 de la « Biographie Universelle des Musiciens »  par François-Joseph Fétis, 1860-1866 @BnF Gallica.



* DALAYRAC (NICOLAS). Le répertoire des ouvrages de Dalayrac, tel qu'il a été publié dans la Biographie universelle des Musiciens, présente quelques omissions et un assez grand nombre d'inexactitudes. Nous croyons utile de le reconstituer entièrement, et avec tous les détails qu'il comporte; nous le pensons exact et complet, tel qu'il suit: 

1° l'Éclipse totale, un acte, Comédie-Italienne, 7 mars 1782; 

le Corsaire, trois actes, id., 17 mars 1783; 

les Deux Tuteurs, deux actes, id., 8 mai 1784 (cet ouvrage avait été joué d'abord à la cour, sous ce titre : les Deux Soupers; il fut réduit plus tard en un acte); 

l'Amant statue, un acte, id., 4 août 1785 (transformation d'une pièce jouée au même théâtre, sous forme de comédie, au mois de février 1781); 

la Dot, trois actes, id., 21 novembre 1785; 

Nina ou la Folle par amour, un acte, id., 15 mai 1786 ; 

Azémia ou les Sauvages, trois actes, id., 2 ou 3 mai 1787 (ouvrage joué au théâtre de la cour, à Fontainebleau, en décembre 1786, sous ce titre : le Nouveau Robinson, et profondément remanié pour sa représentation à Parts, surtout en ce qui concerne le troisième acte, qui fut presque entièrement refait); 

Renaud d'Ast, deux actes, id., 19 juillet 1787; 

les Deux Sérénades, deux actes, id., 23 janvier 1788; 

10° Sargines ou l'Élève de l'amour, quatre actes, id., 14 mai 1788; 

11° Fanchette, deux actes, id., 13 octobre 1788; 

12° les Deux petits Savoyards, un acte, id., 14 janvier 1789; 

13° Raoul, sire de Créqui, trois actes, id., 31 octobre 1789; 

14° la Soirée orageuse, un acte, id., 29 mai 1790; 

15° le Chêne patriotique, deux actes, id., 10 juillet 1790; 

16° Vert.Vert, un acte, id., 11 octobre 1790; 

17° Camille ou le Souterrain, trois actes, id., 19 mars 1791; 

18° Agnès et Olivier, trois actes, id., 10 octobre 1791: 

19° Philippe et Georgette, un acte, id., 28 décembre 1791: 

20° Tout pour l'amour ou Juliette et Roméo, id., 6 juillet 1792 ; 

21° Ambroise ou Voilà ma journée, un acte, id., 12 janvier 1793; 

22° Asgill, ou le Prisonnier de guerre, un acte, id., 1er mai 1793 ; 

23° Urgande et Merlin, trois actes, id., 4 octobre 1793 ; 

24° la Prise de Toulon, un acte, th. Feydeau, 1er février 1794 ; 

25° le Congrès des rois, trois actes (en société avec une dizaine de compositeurs), th. Favart (Comédie Italienne), 26 février 1794 ; 

26° l'Enfance de J.-J. Rousseau, un acte, id., 23 mai 1794:

27. Le Détenu ou Cange, commissionnaire de Lazare, un acte, 18 novembre 1794; 

28° la pauvre Femme, un acte, th. Favart, 8 avril 1795; 

29° Adèle et Dorsan, trois actes, id., 27 avril 1795; 

30° Marianne, un acte, id., 7 juillet 1796; 

31° la Maison isolée ou le Vieillard des Vosges, deux actes, id., 11 mai 1797; 

32° la Leçon ou la Tasse de glace, un acte, th. Feydeau, 24 mai 1797; 

33° Gulnare ou l'Esclave persane, un acte, th. Favart, 9 janvier 1798; 

34° Alexis ou l'Erreur d'un bon père, un acte, th. Feydeau, 24 janvier 1798; 

35° Léon ou le Château de Montenero, trois actes, th. Favart, 16 octobre 1798; 

36° Adolphe et Clara ou les Deux Prisonniers, un acte, id., 10 février 1799; 

37° Laure ou l'Actrice chez elle, un acte, id., 26 septembre 1799; 

38° Arnill ou le Prisonnier américain, un acte, id., 22 novembre 1799 (ouvrage qui n'est qu'une seconde édition, remaniée, d'Asgill ou le Prisonnier de guerre): 

39° le Rocher de Leucade, un acte, id., 13 février 1800; 

40° une Matinée de Catinat ou le Tableau, un acte, th. Feydeau, 28 septembre 1800;

41° Maison à vendre, un acte, th. Favart, 22 octobre 1800; 

42° Léhéman ou la Tour de Newstadt, trois actes, Opéra-Comique, 11 décembre 1801 ; 

43° l'Antichambre ou les valets maîtres, un acte, id., 26 février 1802; 

44° la Boucle de cheveux, un acte, id., 27 octobre 1802 (ouvrage tombé le soir de la première représentation, refait par ses auteurs et rejoué avec succès le 23 novembre suivant); 

45° Picaros et Diego ou la Folle Soirée, un acte, id., 2 mai 1803 (seconde édition, remaniée, de l'Antichambre, qui, pour cause politique, n'avait eu qu'une seule représentation); 

46° la Jeune Prude ou les Femmes entre elles, un acte, id., 14 janvier 1804; 

47° une Heure de mariage, un acte, id., 19 mars 1804; 

48° le Pavillon du Calife, deux actes, Opéra, 11 avril 1804 ; 

49° Gulistan ou le Hulla de Samarcande, trois actes, Opéra Comique, 29 septembre 1805 ; 

50° Deux Mois ou une Nuit dans la forêt, un acte, id., 9 juin 1806; 

51° Koulouf ou les Chinois, trois actes, id., 18 décembre 1806; 

52° Lina on le Mystère. trois actes, id., 8 octobre 1807; 

53° Elise-Hortense ou les Souvenirs de l'enfance, un acte, id., 25 octobre 1809; 

54° le Poète et le Musicien ou Je cherche un sujet, trois actes, id., 30 mai 1811; 

55° le Pavillon des Fleurs ou les Pêcheurs de Grenade, un acte, id., 13 mai 1822 (transformation du Pavillon du Calife, représenté précédemment à l'Opéra). Ces deux derniers ouvrages sont posthumes, Dalayrac étant mort en 1809. 

Ce compositeur avait écrit quelques couplets pour une comédie de Colin d'Harleville, Rose et Picard ou la suite de « l'Optimiste,» jouée à la Comédie-Française en 1794 ou 1795.  Selon les renseignements donnés par Guilbert de Pixerécourt dans son Théâtre choisi, il aurait aussi fait la musique de deux opéras-comiques restés inédits : le Héros en voyage, et Zozo ou le Mal avisé.

  Elève de Langlé, Dalayrac reçut aussi sinon des leçons, du moins des conseils de Grétry; c'est ce qui résulte des paroles de celui-ci dans ses Essais sur la musique :  « Sans être mon élève, dit-il, Dalayrac est le seul artiste qui, avant d'entrer dans la carrière, a fréquenté longtemps mon cabinet.»

  Dalayrac avait épousé une jeune comédienne qui, sous le nom d'Adeline, avait joué les amoureuses au théâtre de Montpellier, de 1789 à 1791, était venue ensuite au théâtre Louvois lors de son ouverture en cette dernière année, et y était restée jusqu'au mois d'août 1792. Elle était fort jolie, très-artiste, et douée d'une rare intelligence. Quelques années après la mort de Dalayrac, elle épousa en secondes noces l'architecte Jaunetz, dont elle se sépara au bout de peu de temps, et elle mourut le 30 juin 1819, âgée de 50 ans.

  On trouve dans le volume d'Adolphe Adam intitulé Souvenirs d'un Musicien une petite étude sur Dalayrac, M. Amédée de Bast a publié dans un journal de Bordeaux, la Guienne (N° des 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9 mai 1865), une série de feuilletons sous ce titre : Nicolas D'Alayrac (on sait que c'est ainsi que le nom doit s'orthographier). Enfin, il existe une brochure de M. Alexandre Fourgeaud, intitulée : les Violons de Dalayrac (Paris, Leclère, 1856, in-8 de 29 pp.).


Extrait de Supplément Tome I; P.223-224 de la « Biographie Universelle des Musiciens »  par Arthur Pougin, 1878 @BnF Gallica.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Nowakowski (Józef)