mercredi 21 octobre 2020

GOSSEC (François-Joseph)

(le 17 janvier 1734 - le 16 février 1829) selon Wikipédia


GOSSEC (François-Joseph), né à Vergnies, village du Hainaut (Belgique), le 17 janvier 1733(sic), mort à Passy, le 16 février 1829.  Cet habile artiste, dont les heureuses dispositions pour la musique s'étaient manifestées de bonne heure, fut placé, à l'âge de sept ans, comme enfant de chœur à la cathédrale d'Anvers.  Après y avoir passé huit années, il en sortit pour se livrer à l'étude du violon et de ce qu'on nommait alors l'art de la composition.  Ses progrès furent rapides, et bientôt ses amis jugèrent que le séjour de Paris était le seul qui convint à ses talents. 


II y arriva à l'âge de dix-huit ans, en 1751, et n'eut d'abord d'autre ressource que d'entrer chez le fermier général la Popelinière, pour diriger l'orchestre que ce financier entretenait à ses frais. Alors Rameau était dans toute sa gloire.  C'est sous ses yeux que Gossec fit son début dans la capitale de la France, et ce fut dès ce moment que celui-ci comprit tout ce qu'il y avait à faire pour réformer la musique française.  Le style instrumental lui parut surtout mériter son attention.  En effet, si l'on excepte quelques sonates de violon, et les pièces de clavecin de Couperin et de Rameau, il n'existait rien en ce genre qui méritât quelque estime parmi les productions françaises; la symphonie proprement dite y était absolument inconnue. Les premières furent publiées par Gossec, en 1784; c'était une chose nouvelle; on n'en sentit pas d'abord tout le prix; mais, après les avoir entendues au Concert spirituel plusieurs années consécutives, le public commença à goûter ces formes vigoureuses d'harmonie et d'instrumentation, et les ouvertures de Lulli ou de Rameau ne purent plus soutenir la comparaison dans un concert.  Il est assez remarquable que ce fut dans l'année même où Gossec tentait cette innovation en France, que la première symphonie de Haydn fut écrite.


Devenu vieux, Rameau cessa d'écrire pour le théâtre et La Popelinière, qui n'avait établi son orchestre que pour essayer ses ouvrages, le réforma.  Alors Gossec entra chez le prince de Conti, comme directeur de sa musique.  Cette situation était avantageuse; il profita des loisirs que lui laissait sa place, pour se livrer au travail, et des compositions de tout genre en furent le fruit.  Ses premiers quatuors parurent en 1759, et eurent tant de succès, que l'édition de Paris fut contrefaite, dans l'espace de deux ans, à Amsterdam, à Liége et à Manheim.  Mais l'ouvrage qui fit le plus d'honneur à Gossec, et qui fonda sa réputation, fut sa messe des Morts, qu'il fit graver en 1760, et qui fut exécutée à Saint-Roch avec un effet prodigieux.  Philidor, qui était alors le musicien le plus en réputation, dit en sortant de l'église qu'il donnerait tous ses ouvrages pour avoir fait celui-là.


Ce ne fut qu'en 1764 que Gossec s'essaya dans le style dramatique par le petit opéra du Faux Lord, qui fut représenté à la Comédie-Italienne, et qui ne se soutint que par la musique. Mais les Pêcheurs, qui furent joués le 8 avril 1766, eurent tant de succès, que ce fut presque le seul opéra qui occupa la scène pendant le reste de l'année.   Le Double Déguisement, Toinon et Toinette, au même théâtre; et à l'Opéra : Sabinus, Alexis et Daphné, Philémon et Baucis, Hylas et Sylvie, la Fête du Village, Thésée, Rosine, etc., ont achevé de classer Gossec parmi les compositeurs dramatiques les plus distingués de l'école française.


En 1770, il fonda le concert des amateurs, dont l'orchestre était dirigé par le fameux chevalier de Saint-Georges.  C'est de cette institution que date la première impulsion donnée au perfectionnement de l'exécution instrumentale en France, et Gossec peut être considéré comme y ayant eu la plus grande part.  Jusqu'alors les partitions les plus chargées d'instruments n'avaient renfermé que deux parties de violon, viole, basse, deux hautbois et  deux cors. Gossec sentit qu'avec de nouveaux instruments on parviendrait à varier les effets, et il écrivit pour le concert des amateurs sa vingt-unième symphonie, en ré, dont l'orchestre se composait de deux parties de violon, viole, violoncelle, contrebasse, deux hautbois, deux clarinettes, flûte, deux bassons, deux cors, deux trompettes et timbales.  L'effet en fut très-remarquable.  Dans le même temps, Gossec écrivit sa symphonie de la chasse, qui depuis a servi de modèle à Méhul pour son Ouverture du Jeune Henri.


L'entreprise du Concert spirituel était devenue vacante, en 1773; Gossec s'en chargea en société avec Gaviniés et Leduc aîné. Pendant les quatre années de sa direction, cet établissement prospéra, et le goût s'améliora par le bon choix des ouvrages qu'on y exécuta, et par le grand nombre des talents étrangers qui y furent attirés.  Mais le service le plus essentiel que Gossec rendit à la musique française fut l'institution de l’École royale de chant, première origine du Conservatoire.  La direction de cette école, fondée en 1784, fut confiée à ce savant musicien, qui en avait conçu le plan, par le baron de Breteuil.  C'est là que furent formés quelques-uns des acteurs qui ont brillé depuis lors sur les principaux théâtres de Paris. Gossec y donnait des leçons d'harmonie et de contrepoint : il commença ainsi l'édifice de l'école française, qui, depuis lors, s'est placée très-haut dans l'opinion des artistes de toute l'Europe pendant une période d'environ quarante ans.


Les fêtes nationales de la Révolution française ouvrirent un nouveau champ aux talents de Gossec.  La plupart de ces fétes ayant lieu en plein air, il était difficile d'y faire usage des instruments à cordes : Gossec imagina d'accompagner les hymnes et les choeurs avec des orchestres d'instruments à vent, et Il écrivit dans ce système un grand nombre de morceaux, et même plusieurs symphonies qui se distinguent par une rare énergie.  Toute cette musique excitait alors le plus vif enthousiasme.  Ses opéras du Camp de Grandpré et de la Reprise de Toulon se firent aussi remarquer, dans le même temps, par les mêmes qualités.  Ce fut dans le premier de ces ouvrages qu'il arrangea en choeur et à grand orchestre l’Hymne des Marseillais, avec une harmonie remarquable par son élégance et sa vigueur.


Lors de l'établissement du Conservatoire, en 1798, Gossec fut nommé l'un des inspecteurs de cet établissement, et concouru activement à son organisation, ainsi qu'à la formation de plusieurs ouvrages élémentaires destinés à l'enseignement des élèves. Quoique déjà fort âgé, il ne montrait pas moins d'ardeur et d'activité que ses jeunes confrères Méhul et Cherubini; et même ce fut lui qui eut la plus grande part à la rédaction et à la confection des diverses parties du volumineux solfège que les professeurs du Conservatoire ont publié.  Il ne se borna point à ce travail; car, lorsque l'on crut les études assez avancées pour pouvoir joindre une chaire de composition à celles qui existaient déjà, ce fut lui qui se chargea des fonctions de professeur, et pendant plus de douze  ans, c'est-à-dire jusqu'en 1814, il remplit ces fonctions avec zèle.  Ainsi, il enseigna les principes de son art jusqu'à l'âge de quatre-vingt-un ans.  Au nombre des élèves qu'il a formés, on distingue Catel, mort à Paris, en 1831; Androt, qui mourut jeune à Rome; Dourlen, Gasse et Panseron.


A l'époque de la formation de l'institut, Gossec y fut appelé comme membre de la section de musique, dans la classe des beaux-arts, et Napoléon lui accorda la décoration de la Légion d'honneur, lorsqu'il institua cet ordre.  Après la dissolution du Conservatoire de musique, en 1815, il fut admis à la pension, et cessa de s'occuper de son art, pour goûter le repos qui lui était nécessaire après tant de travaux. Toutefois, il continua de fréquenter les séances de l'Académie des beaux-arts jusqu'en 1823; mais alors, ayant atteint l’âge de quatre-vingt-dix ans, ses facultés s'affaiblirent, et il se retira à Passy, où le reste de ses jours s'écoula paisiblement.


Gossec est un exemple remarquable de ce que peuvent produire le travail et l'étude.  Fils d'un laboureur, dénué des avantages de la fortune et du secours des maîtres, il s'est formé seul, et s'est acheminé vers une route pure et classique, dont il semblait devoir être écarté par tout ce qui l'environnait.  Placé dans une école imbue des préjugés les plus nuisibles, il a su se préserver de ses erreurs, et a jeté les bases de la splendeur où la musique française est parvenue.  L'étude des modèles classiques et je ne sais quel pressentiment de la science, qui en est le génie, lui avaient fait devancer l'époque où cette science devait s'organiser et prendre de la consistance en France; et lorsque les circonstances vinrent seconder ses voeux et ses efforts, on le vit, bravant les atteintes de l'âge, prodiguer à une jeunesse studieuse l'instruction qu'il ne devait qu'à lui-même, et qui était le fruit d'un travail constant.


Voici la liste des ouvrages les plus connus de ce musicien laborieux :

[1.] Musiques Dramatique : à l'Opéra, 

1773, Sabinus, trois actes;

1775, Alexis et Daphné, un acte; Philémon et Baucis, un acte; 

1776, Hylas et Sylvie, un acte; 

1778, la Fête du Village, un acte;

1782, Thésée de Quinault, remis en musique, trois actes;

1796, la Reprise de Toulon. 

A la Comédie-Italienne :

1764, le Faux Lord, un acte; 

1766, les Pêcheurs, un acte; 

1767, Toinon et Toinette, un acte; le Double Déguisement, un acte. Cet ouvrage n'eut qu'une représentation. 

A la Comédie-Française, les chœur d’Athalie. Gossec avait en portefeuille quelques opéras non achevés, parmi lesquels se trouvait une Nitocris, à laquelle il travaillait encore à l'âge de soixante-dix-neuf ans.


[2.] Musique d’Église.

Plusieurs messes avec orchestre; plusieurs motets pour le Concert spirituel, entre autres,

un Exaudiat, qui fut re-demandé plusieurs fois,

la célèbre messe des Morts qui a été gravée en 1760, et dont les planches ont été volées et fondues;

un Te Deum, qui eut beaucoup de réputation;

O Salutaris hostia, à trois voix, sans accompagnement, qui fut écrit à un déjeuner chez M.de La Salle, secrétaire de l'Opéra, au village de Chenevières, et  chanté à l'église du lieu, deux heures après, par Rousseau, Laïs et Chéron. Ce morceau, devenu célèbre, a été intercalé dans l'oratorio de Saul. 

Quelques oratorios exécutés au Concert spirituel, parmi lesquels on distinguait celui de la Nativité.  II y avait dans cet ouvrage un chœur d'anges très-remarquable, qui se chantait au-dessus de la voûte de la salle.


[3.] Musique a l'usage des fêtes patriotiques

1. Chant du 14 juillet (Dieu du peuple et des rois).

2. Chant martial (Si vous voules trouver la gloire).

3. Hymne à l'Être Suprême (Père de l'univert).

4. Hymne à la liberté (Vive à jamais la liberté).

5. Autre (Auguste et constanteimage).

6. Hymne à l'humanité (O mère des vertus).

7. Hymne à l’égalité (Divinité tutélaire).

8. Hymne funèbre aux mânes des députés de la Gironde.

9. Hymne patrlotique (Peuple, réveille-toi).

10. Hymne à trois voix pour la fête de la Réunion. 

11. Chant funèbre sur la mort de Ferraud. 

12. Serment républicain (Dieu puissant). 

13. Chœurs et chants pour l'apothéose de Voltaire. 

14. Idem pour l'apothéose de J.-J. Rousseau. 

15. Musique pour l'enterrement de Mirabeau, qui fut depuis employée pour les obsèques du duc de Montebello, etc.


[4.] Musique instrumentale.

Vingt-neuf symphonies à grand orchestre, dont trois pour instruments à vent; 

trois œuvres de six quatuors pour deux violons, alto et basse;

une œuvre de quatuors pour flûte, violon, alto et basse;

deux œuvres de trios pour deux violons et basse;

deux œuvres de duos pour deux violons.

Six sérénades pour violon, flûte, cor, basson, alto et basse;

une symphonie concertante pour onze instruments obligés;

plusieurs ouvertures détachées, etc., etc.

Toute cette musique a été publiée à Paris, chez Venier, Bailleux, La Chevardière, Sieber, etc.


[5.] Littérature musicale.

1. Exposition des principes de la musique, servant d'introduction aux solféges du Conservatoire.

2. Deux rapports lus à l'Institut sur le progrès des études musicales et sur les travaux des élèves pensionnaires à Rome. 

3. Divers rapports sur des instruments ou des méthodes soumis à l'examen de l'Institut ou du Conservatoire.


[6.] Musique élémentaire.

 Beaucoup de morceaux à deux, trois et quatre parties dont les solfèges du Conservatoire.


Une récapitulation si considérable, bien qu'abrégée, doit frapper d'étonnement, si l'on fait attention aux nombreuses occupations qui ont rempli la vie de Gossec, soit comme professeur, soit comme directeur de divers établissements de musique, soit enfin comme inspecteur du Conservatoire.  M. Pierre Hédouin, amateur distingué, a publié une notice sur cet artiste, sous le titre: Gossec, sa vie et ses ouvrages, Valenciennes,1852, in-8°, avec le portrait de Gossec.



 Extrait de Tome IV; P.61-63 de la « Biographie Universelle des Musiciens »  par François-Joseph Fétis, 1860-1866 @BnF Gallica.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      


  

* GOSSEC (FRANÇOIS-JOSEPH). Dans une notice intéressante consacrée à ce musicien remarquable et publiée dans le journal la Fédération artistique, de Bruxelles, du 26 novembre 1875, M. Edouard Gregoir a reproduit son acte de baptême. Il résulte de ce document que le vrai nom de Gossec était Gossé, particularité que les biographes les mieux informés avaient ignorée jusqu'à ce jour. Le nom de Gossec appartenant à l'histoire de l'art, je ne crois pas devoir le modifier ici, mais il n'en est pas moins utile de faire connaître sa forme véritable.


  A la liste des ouvrages de ce grand artiste, il faut ajouter l'Arche d'alliance, oratorio exécuté au Concert spirituel, et Rosine ou l'Épouse abandonnée, opéra-comique en 3 actes, représenté à la Comédie-Italienne le 14 juillet 1786. De plus, Gossec a écrit les chœurs d'une tragédie de Rochefort, Electre, qui fut jouée à la cour, sans aucun succès, au mois de janvier 1783, et qui ne fut jamais représentée à Paris. Grimm mentionne ce fait, resté ignoré, dans sa correspondance. Enfin, on a récemment retrouvé la trace de deux autres ouvrages de Gossec, restés inconnus jusqu'ici : le Périgourdin, opéra-comique en un acte composé par lui pour le prince de Conti et joué seulement chez ce personnage, et Berthe, opéra-comique en 3 actes, écrit en société avec Philidor et Botson, et représenté à Bruxelles le 18 janvier 1775. M. Charles Piot, membre correspondant de l'Académie de Belgique, qui a découvert ce double fait, grâce à quelques lettres de Gossec et de Philidor dont il a eu connaissance, en a fait l'objet d'une lecture intéressante dans une des séances de cette compagnie (1).


  Le 9 septembre 1877, le buste de Gossec a été inauguré sur la place principale du village de Vergnies, son pays natal.



(1) Le travail de M. Piot a été inséré sous ce titre : Particularités inédites concernant les œuvres musicales de Gossec et de Philidor, dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique (2me série, tome XL, n° 11, novembre 1878). Il en a été fait un tirage à part, qui forme une brochure de 32 pages (s. 1. n.d., In-8°). Le livret de Berthe, qui était de Pleinchesne, a été imprimé à Bruxelles en 1774, et indique seulement Philidor et Gossec comme auteurs de la musique de cet ouvrage; mais la correspondance mise au jour par M. Piot ne laisse aucun doute sur la part importante qu'y prit Botson.



Extrait de Supplément Tome I; P.403 de la « Biographie Universelle des Musiciens »  par Arthur Pougin, 1878 @BnF Gallica.




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Nowakowski (Józef)