vendredi 25 septembre 2020

RIES (Ferdinand)

RIES (Ferdinand)

(le 29 novembre 1784 - le 13 janvier 1838) selon Wikipédia


RIES (FERDINAND), pianiste et compositeur, fils d'un directeur de musique au service de l'électeur de Cologne, naquit à Bonn, en 1784. Ses heureuses dispositions pour la musique se manifestèrent dès ses premières années : son père lui fit commencer l'étude de cet art à l'âge de cinq ans, et dans sa huitième année il devint élève le Bernard Romberg pour le violoncelle; mais l'invasion du pays par l'armée française ayant dispersé la chapelle du prince en 1793, le père de Ries, ruiné par cet événement, et sans espoir de procurer à son fils une position solide, lui fit apprendre à jouer du piano. 


Déjà, dans sa neuvième année, il avait écrit quelques petites compositions pour cet instrument. Le jeune Ries n'eut d'abord d'autres secours pour son instruction daps l'harmonie que quelques livres rassemblés par son père. Parvenu à sa treizième année, on l'envoya à Arnberg, en Westphalie, chez un ami de sa famille, qui s'était chargé du soin de lui enseigner à jouer de l'orgue, et les éléments de la composition; mais il se trouva que le maître était moins habile que l'élève, et que celui-ci ne put employer utilement son temps, pendant les neuf mois de son séjour à Arnberg, qu'en se livrant à l'étude du violon. De retour dans la maison paternelle, il y resta environ deux ans, occupé à mettre en partition les quatuors de Haydn et de Mozart, qu'il avait pris pour modèles, et à arranger pour le piano les oratorios de la Création, des Saisons, et le Requiem de Mozart, dont Simrock publiait des éditions. 


En 1801, Ries se rendit à Munich avec son ami d'Arnberg, qui bientôt l'y laissa, fort léger d'argent, mais plein d'espoir dans l'avenir, et d'énergie pour surmonter les obstacles. Cependant Munich lui offrait peu de ressources pour le but qu'il se proposait d'atteindre : quelques leçons de Winter furent ce qu'il y trouva de mieux; mais le départ de ce maître pour la France le laissa bientôt privé de ce secours, et le détermina à se rendre à Vienne. Lorsqu'il se mit en route pour cette ville, toute sa fortune se composait de sept ducats, et d'une lettre de recommandation de son père pour Beethoven, qui avait été son ami. Le grand homme justifia par la cordialité de son accueil l'espoir du jeune artiste et celui de sa famille. Devenu élève de Beethoven, Ries se livra avec ardeur au travail. Le maître ne s'était chargé que de son éducation de pianiste; à l'égard du contrepoint, il l’avait envoyé chez Albrechtsberger qui, devenu vieux, n'aurait point accepté de nouvel élève si la recommandation de Beethoven n’eût été pressante et si l'attrait d'un ducat par leçon ne l'eût séduit. Malheureusement les ducats n'étaient pas en grand nombre dans la bourse de Ries; après vingt-huit leçons, ses ressources pécuniaires furent épuisées, et il ne lui resta plus d'autre moyen d'instruction que les livres, et le souvenir de ce petit nombre de leçons, les seules qu'il ait reçues concernant l'art d'écrire.


Quatre années de cohabitation avec Beethoven, son exemple et ses conseils, avaient formé le goût de Ries, et imprimé à son talent une tendance vers la grandeur et la force. En 1805, l'inflexible loi de la conscription vint l'arracher à son heureuse existence, et l'obligea à retourner en hâte à Bonn, alors au pouvoir des Français. L'armée de Napoléon qui s'avançait vers Vienne obligea le jeune artiste à faire un long détour pour se rendre à Leipsick, et à passer par Prague et Dresde.  Arrivé à Coblence, il s'y présenta devant le conseil de recrutement qui devait l'enrôler comme soldat ; mais l'effroi que lui inspirait cette perspective fut bientôt dissipé, car ayant perdu l'usage d'un œil dans son enfance, par la petite vérole, il fut déclaré incapable de service.  Alors il réalisa le projet formé depuis longtemps de visiter Paris. Il y fit un séjour d'environ deux ans, et y publia quelques-unes de ses meilleures compositions. 


En 1809 il partit pour la Russie, s'arrêtant à Cassel, Hambourg, Copenhague et Stockholm, pour y donner des concerts. Ce voyage, commencé sous d'heureux auspices, fut cependant traversé par des accidents assez graves : par exemple, le vaisseau sur lequel Ries s'était embarqué en quittant la Suède fut pris par les Anglais, qui gardèrent leurs prisonniers pendant huit jours sur un rocher avant de les rendre à la liberté.  Arrivé enfin à Pétersbourg, Ries y trouva son ancien maître, Bernard Romberg, qui fit avec lui un voyage dans l'intérieur de la Russie. Ils donnèrent des concerts à Kiev, dans la petite Russie, à Riga, à Revel, et furent partout accueillis avec enthousiasme. Le projet des deux artistes était de se rendre ensuite à Moscou; mais l'arrivée des armées françaises en Russie, et le désastre de cette capitale, qui en fut la suite, ne leur permit pas de réaliser leur dessein. Ries prit alors la résolution d'aller en Angleterre; mais avant de s'y rendre, il s'arrêta une seconde fois à Stockholm. 


Arrivé à Londres au mois de mars 1813, il y débuta au concert philharmonique, et y excita une vive sensation. Peu de temps après, il épousa une dame anglaise, aussi remarquable par les qualités de l'esprit que par la beauté. Dès ce moment il devint un des maîtres les plus renommés dans la capitale de l'Angleterre. Son activité prodigieuse comme virtuose, comme professeur et comme compositeur, lui fit gagner en dix années des sommes considérables. Le 3 mai 1824 il donna à Londres son concert d'adieu, où les amateurs se portèrent en foule; puis il partit avec sa famille pour se rendre dans une propriété qu'il avait acquise à Godesberg, près de Bonn, et y vivre dans la repos. Là, il se livra à son goût pour la composition, et écrivit quelques grands ouvrages. Les embarras d'une maison de banque de Londres, où il avait placé une partie de son avoir, ful donnèrent ensuite des inquiétudes sur sa fortune ; mais il paraît que ces affaires s'arrangèrent, et que ses pertes furent peu importantes. 


En 1830 il fit représenter son opéra de «la Fiancée du brigand», en trois actes, qui fut accueilli avec faveur dans plusieurs villes de l'Allemagne, notamment à Berlin. L'année précédente il avait fixé son séjour à Francfort. En 1831 il fit un voyage en Angleterre pour faire représenter à Londres son nouvel opéra féerie, intitulé « Liska, ou la Sorcière de Gellenstein », et pour diriger les festivals de Dublin.  De retour en Allemagne à l’automne de la même année, il y resta un an, puis entreprit avec sa famille un voyage en Italie, visita Milan, Venise, Florence, Rome, Naples, et enfin retourna à Francfort, où il reprit ses travaux. 


Chargé de la direction de la fête musicale d'Aix-la-Chapelle, en 1834, il s'établit dans cette ville, au mois de février. Je l'y vis pour la première fois au mois de mai, quoique nous fussions en correspondance depuis près de dix ans, et je trouvai en lui un homme aimable, modeste et d'un esprit solide. A l'occasion de cette fête, la ville d'Aix-la Chapelle lui offrit la place de directeur de l'orchestre et de l'académie de chant : bien qu'indépendant par sa fortune, il l'accepta, dans le but unique de travailler au développement du goût et de la culture de l'art dans une ville éloignée du centre d'activité de l'Allemagne. Cependant la gêne attachée à de semblables fonctions le décida à s'en démettre en 1836, et il se rendit à Paris, puis à Londres, où il écrivit son oratorio de «l'Adoration des Rois», destiné à la fête musicale d'Aix-la-Chapelle, en 1837. Se rendant eu cette ville pour y préparer l'exécution de son ouvrage, il passa par Bruxelles, vint me voir et me fit entendre son oratorio avec l'amour qu'un artiste accorde toujours à ses dernières productions. Il avait de la gaieté, se portait bien, et rien ne semblait annoncer sa fin prochaine. Après le festival d'Aix-la-Chapelle, il retourna à Francfort, et se chargea de la direction de la Société de Sainte-Cécile, fondée par Schelb, mais à peine avait-il pris possession de cet emploi, qu'il mourut, le 13 janvier 1838, à l'âge de cinquante et un ans.


Rien doit être rangé dans la classe des artistes les plus distingués de son temps. S'il n'eut pas comme pianiste un mécanisme irréprochable, il fut un des premiers qui donnèrent à cet instrument une grande puissance d'effet par des traits harmoniques de formes nouvelles, et par un fréquent usage alternatif de la pédale qui lève les étouffoirs. 


Dans ses compositions, son style est évidemment, sinon une imitation, au moins une émanation de celui de Beethoven, particulièrement dans ses premiers ouvrages. Vers la fin de sa vie, Ries fit des efforts pour donner à ses œuvres un caractère d'individualité, sans doute à cause des critiques qui avaient attaqué l'analogie de son style avec celui de son maître. Ses premières symphonies ont un peu de sécheresse; mais dans les autres il y a de l'éclat et de la chaleur. Il y a de fort belles choses d'un grand style dans son oratorio de «l'Adoration des Rois». Sa musique de théâtre a le défaut de manquer de facilité et de charme dans la mélodie, défaut assez ordinaire chez les compositeurs qui ont écrit beaucoup d'œuvres instrumentales. Dans la liste des ouvrages les plus importants de Ries, on remarque ceux-ci : 

1° Symphonies à grand orchestre, no.1, op.23; no.2, op.80; no.3, op.90, Bonn, Simrock ; no.4. op.110; no.5, op.112, Leipsick, Breitkopf et Hærtel; no.6, op.148, Leipsick, Peters. 

2° Ouverture à grand orchestre pour Don Carlos, de Schiller, op.94; Bonn, Simrock.

3° Idem de la Fiancée du Brigand, op.156; Leipsick, Peters. -

4° Idem de la Fiancée de Messine, par Schiller, op.162; Bonn, Simrock. -

5° Idem de Liska, op.164; ibid.

6° Grande ouverture et marche triomphale, op.172; Mayence, Schott. 

7° Quintettes pour 2 violons, 2 altos et violoncelle, no.1, op.37, Hambourg, Bœhme; no.2, op.68, Leipsick, Peters; no.3 pour flûte, violon, 2 altos et violoncelle, op.107, ibid.; no.4, op.107, Mayence, Schott; no.5, op.171, Leipsick, Breitkopt et Hærlel; no.6 (Souvenir d'Italie), pour 2 violons, alto et 2 violoncelles, op.183, Bonn, Monpour. 

8° Quatuors pour 2 violons, alto et basse, op.70; Leipsick, Peters. -

9° Trois quatuors idem, op.126; ibid. -

10° Trois quatuors idem, op.146; Bonn, Simrock. -

11° Trois quatuors idem, op.150 ; ibid. 

12° Deux quatuors idem, op.166; Francfort, Dunst. - 

13° Concertos de piano, no.1, op.24, Hambourg, Bœhme; no.2, op.42, Leipsick, Peters; no.3, op.55, Bonn, Simrock; no.4, op.115, Leipsick, Peters; no.5 (pastoral), op.120, Vienne, Leidesdorf; no.6, op.123, ibid; no.7 (les Adieux de Londres ), op.132, Leipsick, Peters; no.8 (Salut au Rhin), op.161, Bonn, Simrock; no.9, op.177, Leipsick, Kistner. - 

14° Grand septuor pour piano, violon, violoncelle, clarinette, cors et contrebasse, op.25, Bonn, Simrock. - 

15° Quintette pour piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse, op.74; Leipsick, Peters. - 

16° Grand sextuor pour piano, 2 violons, alto, violoncelle et contrebasse, op.100; Bonn, Simrock, 

17° Sextuor pour piano, harpe, clarinette, cor, basson et contrebasse, Mayence, Schott.

18° Ottetto pour piano, violon, alto, clarinette, cor, basson, violoncelle et contrebasse, op.128, Leipsick, Kisiner. 

19° Quatuors pour piano, violon, alto et basse, op.13, 17, 129, Leipsick, Peters; Bonn, Simrock. -- 

20° Trios pour piano, violon et violoncelle, op.2, 28, 35, 63, 143, Leipsick, Bonn, Vienne. - 

21° Trio pour 2 pianos et harpe, op.95, Bonn, Simrock. -- 

22° Duos pour piano et violon, op.3, 8, 10, 16, 18, 19, 20, 21, 29, 30, 38, 45, 69, 71, 76, 81, 83, 86, 87, 169, chez la plupart des éditeurs. - 

23° Grande sonate pour piano et cor, op.5, Hambourg, Bœhme. - 

24° Grande sonate pour piano et violoncelle, op.125, Leipsick, Probst 

25° Grande sonate pour piano à 4 mains, op.100, Leipsick, Kistner. - 

26° Sonate pour piano seul, op.1, 5, 9, 11, 26, 45, 49, 114, 141, 175, ibid. - 

27° Un très grand nombre de rondos, fantaisies, thèmes variés, marches, etc., ibid. 28° Chants à plusieurs voix et à voix seule, ibid.


Ries a publié, avec M. Wegeler de Bonn, une notice biographique sur Beethoven, intitulée: « Biographische Notizen über Ludwig van Beethoven »; Coblence, Bædrker, 1838, in-8°, M.A.F. Legentil a donné une traduction française de ce volume, sous le titre : «Notices biographiques sur L. Van Beethoven par le Dr.F.G. Wegeler et Ferdinand Ries»; Paris, Dentu, 1862, 1 vol. in-8°.

  Les renseignements que fournit cet ouvrage, particulièrement sur la jeunesse de l'illustre compositeur, ont sans doute de l'intérêt; mais son caractère y est présenté sous un jour défavorable en plusieurs circonstances. Quelle que puisse être la vérité des faits rapportés à cet égard par Ries, peut-être ne devait-il pas s'en faire l'historien, et s'exposer au grave reproche d'ingratitude envers un si grand homme, qui avait eu pour lui les sentiments d'un père. Peut-être certains procédés désagréables de Beethoven envers lui, dans la dernière année de son séjour à Vienne, lui avaient-ils laissé de l'irritation : je fus porté à le croire lorsqu'il m'écrivit en 1829 une lettre remplie de félicitations à l'occasion des critiques que je publiai à cette époque sur les défauts considérables de goût qui, dans mon opinion, déparent les derniers ouvrages de cet homme de génie. Quoique je fusse persuadé alors, comme je le suis encore et le serai toujours, que j'étais dans le vrai à cet égard, j'avoue que j'éprouvai beaucoup d'étonnement de rencontrer cet écho dans l'âme du seul élève que Beethoven ait voulu former.


Extrait de Tome VII; P.255-258 de la « Biographie Universelle des Musiciens »  

par François-Joseph Fétis, 1860-1866 @BnF Gallica.



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