jeudi 24 septembre 2020

SCHNABEL (Joseph Ignaz)

SCHNABEL  (Joseph Ignaz) 

(le 24 mai 1767 - le 16 juin 1831) 


SCHNABEL (Joseph - Ignace), né le 24 mai 1767, à Naumbourg, en Silésie, était fils d'un chantre de l'église catholique de cette ville. Son père lui enseigna les éléments de la musique, du violon et du piano dès sa sixième année; mais à l'âge de huit ans, Schnabel tomba dans la Queiss, où il faillit se noyer, et perdit l'ouïe. Il fallut alors renoncer à lui faire continuer l'étude de la musique, et ses parents prirent la résolution de l'envoyer au collège pour qu'il suivit ensuite les cours de théologie. Conduit à Breslau, en 1770, il y fréquenta le gymnase catholique; mais après avoir fini sa sixième, sa surdité l'empêcha de continuer ses études, et par les conseils de son oncle maternel, il retourna à Naumbourg.  


Deux ans après, il recouvra tout à coup l'ouïe et cultiva de nouveau la musique, ses progrès dans cet art lui firent obtenir une place d'instituteur à Paritz, village près de Naumbourg. C'est dans ce lieu qu'il acquit des connaissances étendues dans son art, par la lecture des œuvres classiques et des meilleurs traités de théorie. Assez habile dans le mécanisme de plusieurs instruments, il entreprit de former un orchestre avec vingt-cinq ou trente jeunes paysans dont l'instruction lui était confiée, et ses efforts eurent assez de succès pour qu'il pût faire exécuter par ces jeunes gens des symphonies de Haydn et de Mozart.  Le style de ces grands artistes devint dès lors son modèle dans ses compositions. C'est à cette époque qu'il écrivit ses premières messes, des offertoires, des graduels et des vêpres qu'on exécute encore à Naumbourg, Lœwenberg, Greiffenberg et autres villes de la Silésie.


Schnabel avait atteint l'âge de trente ans et n'était connu que dans le canton de la Silésie qu'il habitait, lorsqu'il prit, en 1797, la résolution de se fixer à Breslau, et d'y chercher l'emploi de ses talents. Le 5 mai de la même année, il y obtint la place d'organiste à l'église de Sainte-Claire, et peu de temps après, celle de premier violon à Saint-Vincent.  Alors une nouvelle carrière s'ouvrit devant lui par les occasions qu'il eut d'y faire entendre ses compositions, par ses liaisons avec quelques artistes distingués, et surtout par les conseils qu'il reçut de Fœrster, homme d'expérience et de mérite. En 1799, il publia trois messes à quatre voix et petit orchestre, et fit exécuter un grand oratorio de sa composition dans l'église de la Madeleine. Ces œuvres fixèrent sur lui l'attention publique. Ils furent suivis de deux grandes cantates dont une fut exécutée, en 1803, au jubilé de cent ans de l'université Léopoldine. 


Schnabel avait été appelé à la place de premier violon de l'orchestre du théâtre; mais blessé de ce que Charles-Marie de Weber lui fut préféré, en 1804, pour la direction de cet orchestre, il donna sa démission, et pendant toute la durée du séjour de l'auteur de «Freyschütz» à Breslau, il y eut entre ces deux artistes un invincible éloignement. Schnabel fut bientôt après dédommagé du désagrément qu'il avait éprouvé au théâtre, par sa nomination de maître de chapelle de la cathédrale, qu'il reçut le Ie 1er avril 1805. Il célébra sa prise de possession de cet emploi par ses «Lamentations de Jérémie», considérées comme un de ses meilleurs ouvrages. Après la mort de Janitscheck, en 1806, il fut aussi chargé de la direction des concerts d'hiver, et deux ans après, il fonda les concerts d'été, à Liebich, lesquels ont subsisté jusqu'en 1823, et dont Berner a eu la direction après Schnabel.


Chargé par le gouvernement prussien de visiter la Silésie pour y remplir plusieurs missions relatives à la musique, Zeller arriva à Breslau, en 1811. La fondation d'une école normale pour les instituteurs était un des objets de son voyage : Schnabel et Berner lui parurent les hommes les plus capables d'y remplir les places de professeurs de musique. Sur son rapport, ils furent appelés tous deux à Berlin, en 1812, et dans leur excursion ils se lièrent d'une étroite amitié qui ne se démentit jamais. Pendant son séjour dans la capitale de la Prusse, Schnabel fit exécuter une de ses messes dans une église catholique, et cet ouvrage ayant obtenu l'approbation des artistes, on lui offrit la place de directeur de musique de cette église; mais il préféra retourner à Breslau, en visitant Wittenberg, Leipsick et Dresde.  Bientôt après, il reçut sa nomination de professeur de musique du séminaire des instituteurs catholiques, puis celle de directeur de musique de l'université et de l'Institut de musique d'église qui y était attaché. Le reste de sa carrière s'écoula dans le paisible exercice de ses fonctions. Cependant, soit qu'un pressentiment de sa fin prochaine l'eût troublé, soit qu'il sentit ses forces diminuer, il se démit de sa place de professeur du séminaire et de celle de directeur des concerts, au commencement de 1831. Le 18 juin de la même année, il tomba malade, et les progrès du mal furent si rapides, qu'il expira le lendemain, à l’âge de soixante-quatre ans. Ainsi que Mozart, son modèle de prédilection, il travaillait à un Requiem lorsque la mort le surprit, et n'eut pas le temps de le terminer.


Schnabel a joui de la réputation de grand musicien et de compositeur distingué, dans toute la Silésie; mais il est peu connu hors de son pays, même en Allemagne. Ce que j'ai vu de ses ouvrages m'a prouvé qu'il écrivait avec pureté, et que sa pensée est en général douce, noble et gracieuse, mais qu'elle manque de nerf et d'originalité. Son caractère était, dit-on, rempli de bienveillance; jamais on ne l'entendit émettre des opinions de blâme sur les œuvres des autres artistes; mais sa sensibilité était excessive et la moindre critique de ses ouvrages lui causait un vif déplaisir. Il s'était fait beaucoup d'amis par l'aménité de ses manières, et sa fin imprévue fut un sujet de deuil pour toute la ville de Breslau. Hoffmann a donné une biographie détaillée de cet artiste estimable dans son Lexique des musiciens de la Silésie; Kablert en a fait insérer une autre dans la Gazette musicale de Leipsick; enfin, il en a été publié une troisième chez Leuckart, à Breslau.


Les ouvrages publiés par Schnabel sont ceux dont les titres suivent :

1° Huit pièces pour trois cors, trompette et deux trombones; Breslau, Fœrster. 

2° Marche pour huit trompettes, et pièces pour sept trompettes et timbales; ibid. 

3° Concerto pour clarinette; Leipsick, Breitkopf et Hærtel.

4° Quintette pour guitare, deux violons, alto et violoncelle; Breslau, Fœrster. 

5° Messe latine et allemande (en mi bémol) à quatre voix, orchestre et orgue; ibid.

6° Idem (en la bémol) à quatre voix, deux violons, alto, deux clarinettes, quatre cor. et orgue; ibid. 

7° Idem (en fa mineur) à quatre voix, deux violons, alto, deux clarinettes, deux cors et orgue; ibid. 

8° Messe solennelle (en ré) à quatre voix et orchestre; ibid.

9° Missa quadragesimalis à quatre voix; Breslau, Leuckart. 

10° Graduale in nativitate Domini 4 vocibus, 2 viol., 2 violis, 2 ob., 2 corn., 2 clarinis, tympanis et organis; Breslau, Fœrster. 

11° Trio gradualia 4 voc, orchestra et organo; Braslau, Gruss, Barth et compagnie.

12° Offertoire (en ut) à quatre voix et orchestre; Breslau, Leuckart.

13° Offertoire (en fa) à quatre voix et orchestre; ibid. 

14° Alma Redemptoris à quatre voix, deux violons, alto, deux hautbois, deux cors et orgue; Breslau, Fœrster.

15° Ave Regina, idem; ibid. 

16° Regina cœli, pour deux soprani, contralto, ténor et basse, petit orchestre et orgue; Breslau, Leuckart.

17° Psaume pour quatre voix d'hommes; ibid. 

18° Hymni sex faciliores, 4 voc., 2 viol., 3 ob., 2 corn. et organo; Breslau, Fœrster. 19° Hymni 4 vespertini, 4 voc., et orch.; Breslau, Leuckart. 

20° Hymnus (Veni creator Spiritus), 4 voc. et orch.; ibid. 

21° Hymnus (Veni Sancte Spiritus), idem; ibid.

22° Salve Regina à quatre voix, deux violons, alto, deux hautbois, deux cors et orgue; Breslau,Fœrster. 

23° Vesperæ de confessore à quatre voix, deux violons, alto, deux hautbois, deux cors, deux trompettes, timbales et orgue; ibid.

24° Marche pour des voix d'hommes et instruments à vent, ibid. 

25° Plusieurs recueils de chants à quatre voix d’hommes; Breslau, Fœrster et Leuckart. 

26° Chants à voix seule et piano; ibid. 


Schnabel a laissé en manuscrit :

27° Cantate pour l'ouverture de la synagogue, sur un texte hébreu.

28° Cantate pour le trois-centième anniversaire de la fondation de l’université de Breslau. 

29° Cantate pour l'installation de l’évêque Emmanuel D. Schimowsky.

30° Chant funèbre sur la mort de la reine de Prusse, exécuté le 30 août 1810.

31° Quatre messes à quatre voix et orchestre.

32° Kyrie et Gloria, idem. 

33° Requiem et Dies iræ. 

34° Petit Requiem.

35° Six vêpres complètes.

36° Station pour la fête du saint Sacrement.

37° Neuf lamentations et neuf répons de la semaine sainte. 

38° Quatorze graduels.

39° Vingt hymnes et antiennes parmi lesquels se trouve un Ave maris stella, considéré comme un des plus beaux ouvrages de l'auteur.

 40° Douze offertoires, dont un pour ténor solo, violon obligé et orchestre.

41° Quatre litanies. 

42° Deux Te Deum. 

43° Ecce quomodo moritur justus, exécuté le jeudi saint à la cathédrale de Breslau. 44° Deux Pange lingua.

45° Deux Salve Regina. 

46° Regina cœli.

47° Quelques morceaux de musique pour des instruments à vent.



Extrait de Tome VII; P.484-486 de la « Biographie Universelle des Musiciens »  

par François-Joseph Fétis, 1860-1866 @BnF Gallica.



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