jeudi 10 septembre 2020

ELSNER (Józef)

ELSNER (Józef)

 (le 1er juin 1769 - le 18 avril 1854) selon IMSLP


ELSNER (Joseph), compositeur, né à Grottkau, ville des États prussiens, le 1er juin 1769, était fils d'un menuisier qui, doué d'un esprit ingénieux et de connaissances musicales, construisait des clavecins, des harpes et d'autre instruments de musique.  En 1781, Elsner fut envoyé à Breslau, pour y faire ses études au collège, et entra, comme enfant de chœnr, à l’église des Dominicains.  Plus tard, il fut employé au théâtre comme violoniste et comme chanteur; là, les occasions fréquentes qu'il eut d'entendre de bonne musique développèrent en lui le goût de la composition dramatique. Destiné par son père l'étude de la médecine, il ne se rendit point à ses vœux, et sa résolution fut prise de se livrer à l'étude de l'art sous la direction de bons maîtres.  Fœrster, directeur de musique à Breslau, lui donna des leçons d'harmonie.  Ses premières productions furent des romances, parce que ce genre exige peu de connaissances dans l'art de la composition.


Quoique peu avancé dans cet art, il essaya pourtant ses forces dans des airs de danse, des duos, trios, et même dans un concerto de violon avec accompagnement d'orchestre. L'habileté venant avec l'expérience, il écrivit des morceaux de musique religieuse, un oratorio, un morceau de musique pour des instruments à vent, destiné à la procession de la Fête-Dieu, une symphonie (en ré) et quelques autres morceaux de différents genres.  


Arrivé à Vienne, pour y continuer ses études, il abandonna complètement celle de la

médecine, et ne s'occupa plus que de la musique. Lié avec les artistes les plus recommandables, il puisait dans leur entretien et dans la lecture des meilleures partitions l'instruction qui lui était nécessaire pour parcourir la carrière d'artiste avec honneur.  


En 1791, il s'établit à Brünn, où la place de premier violon du théâtre lui fut confiée.  Il y écrivit, jusqu'à Pâques de 1792, quatre quatuors pour des instruments à cordes, un concerto pour la flûte, et une cantate dont le mérite fit obtenir à Elsner la place de directeur de musique à Lemberg.  Depuis 1792 jusqu'en 1799, époque de son séjour en cette ville, il écrivit des entr'actes pour la tragédie de Marie-Stuart de Schiller, toutes les danses de la saison du carnaval pendant plusieurs années, quatre symphonies, huit quatuors pour des instruments à cordes (publiés à Vienne, Offenbach et Varsovie), un concerto facile pour le violon, trois sonates pour violon et violoncelle, des sonates pour piano, violon et violoncelle, plusieurs grandes et petites cantates, des chœurs et des entr'actes pour le drame intitulé Lanassa, une messe de requiem brève, et les opéras dont les titres suivent : 

1° Die seltenen Brüder oder die vier Zauberkugeln (les Frères bizarres ou les quatre balles enchantées), imitation de fa Flûte enchantée de Mozart.

2° Der verkleidete Sultan (le Sultan travesti ).

3° Iskahur, pièce polonaise avec chant.

4° Sydney e Tamma, mélodrame polonais. 

5° Les Amasones (opéra polonais en deux actes).


En 1799 Elsner fut appelé comme directeur de musique au théâtre de Varsovie.  Arrivé en cette ville, il y fit représenter les pièces qui viennent d'être citées; l'année suivante il y écrivit le Sultan Wampou, opéra, et dans l'espace de vingt années il composa vingt-deux ouvrages

dramatiques, tous en langue polonaise.  Dans cet intervalle, il avait fait un voyage à Paris, et y avait fait entendre quelques-unes de ses compositions dans des concerts donnés à Saint-

Cloud et aux Tuileries.  Après l'institution du grand-duché de Varsovie, Elsner, de concert avec la comtesse Zamoïska, fonda en 1815 une société pour les progrès de la musique en Pologne qui fut le commencement du Conservatoire de Varsovie, établi en 1821, après que Elsner eut quitté la direction de la musique du théâtre.  Elsner fut nommé directeur de ce Conservatoire et professeur de composition.  Par ses soins, l’établissement était déjà parvenu à un état satisfaisant de prospérité; mais les événements politiques qui ont suivi la révolution de 1830 en ont fait fermer les portes.  


Cette école a été rétablie postérieurement, mais avec une organisation moins importante.  En 1834, Charles Soliva, compositeur italien, en avait la direction.  Retiré dès lors dans sa maison du faubourg de Praga, Elsner continua d’écrire un grand nombre de compositions religieuses, particulièrement plusieurs belles messes, son oratorio la Passion de Notre-

Seigneur Jésus-Chrlst, qui fut exécuté solennellement en 1844, dans l'église évangélique de Varsovie, par trois cents musiciens, sous la direction de T.Niducki et de Billing, et enfin son Stabat Mater, composé en 1844, et que l'auteur écrivit de la main gauche, parce que la droite avait été frappée de paralysie. Cet excellent artiste est mort dans l’été de 1854, entouré de l'estime de toute la Pologne, et en particulier de ses élèves.  Sa femme l’avait précédé de deux ans dans la tombe.


Son cabinet de travail et sa bibliothèque ont été laissés intacts par sa famille : on y voit encore sur sa table de travail les plumes avec lesquelles il écrivit ses derniers ouvrages. Les

connaissances solides que Elsner avait déployées dans la direction et dans l'enseignement du Conservatoire de Varsovie lui firent obtenir en 1825 le titre de chevalier de Saint- Stanislas.


En 1818, cet artiste recommandable visita la Silésie, son pays natal, et passa une saison aux eaux de Reinerz, pour y rétablir sa santé : il s’y lia d'une étroite amitié avec Ébell. La loge maçonnique de Varsovie, qu'il avait présidée pendant plusieurs année, a fait litho- graphier son portrait, et Buyuskawskin a publié sa biographie détaillée, en langue polonaise. Ce compositeur laborieux a produit, outre les ouvrages qui ont été cités précédemment : 

[ I ] Pour le théâtre:

1° Mleszkancy Kamzatka (les Habitants du Kamschatka), opéra en un acte.

2° Siedem razy ieden (Sept fois le méme), en un acte.

3° Starytrzplat (le Vieux Petit-Maître), en deux actes, 1805.–

4° Nursahad, mlodrame, avec danses et chants, en trois actes,1805

5° 'Wieszezka Ursella (la Vieille Ursule), opéra en trois actes, 1808.

6° Sond Salomona (le Jugement de Salomon), tragédie avec danse et chants, en trois actes, 1806.

7° Andromède, opéra sérieux en un acte, 1807.

8° Tribunal niewidzialny (leTribunal secret), en quatre actes, 1807.

9° Mieczyslaw Slepy (Mieczyslas l'aveugle), opéra en trois actes, 1807.

10° Karol Wietkt i Wilykind (Charlemagne et Wilikind), drame lyrique en deux actes, 1807.

11° Szewe i Kraucowna (le Cordonnier et la tailleuse), duo drame en un acte, 1808.

12° Uroienie i Rzeczywistosi (Chimère et réalité), opéra en un acte,1808.

13° Écho, drame en un acte, 1808.

14° Sniadante Trzpiolow (le Déjeuner des petits-maîtres), en deux actes, 1808

15° Zonapo drodze (la Femme en voyage), en trois actes, 1809.

16° Rzymos wobodzony (Rome délivrée), drame avec chœurs, trois actes, 1809.

17° Benefis (le Bénéfice), duodrame en un acte,1810.

18° Sierra-Morena (la Sierra Morena), opéra en trois actes, 1811

19° Kabalista (le Devin) en deux actes,1813.

20° Karol Lokietek (le roi Lokietek), opéra en deux actes,1818.

21° Jagiello Wietki (Jagellon le Grand), en trois actes, 1820.–

22° Le Sacrifice d'Abraham, en quatre actes, 1827 

23° Cantate pour le jour de naissance de l'empereur de Russie, Alexandre Ier.

24° Deux scènes pour l'opéra d'Achille, de Paër.

25° Trois scènes pour Ida, de Gyrowetz.

26° Trois scènes pour Elisa, de Mayer.

27° Les deux statues, ballet.

28° Chimère et réalité, opéra français.

29° La ritrosia disarmata, duodrame italien, de Métastase.


[ II ]. Pour l'Église :

30° Trois messes à quatre voix et petit orchestre; Posen, Simon.

31° Missa quatuor vocibus comilante orchestra; n°1, 2; ibid.

32° Messe en fa, à quatre voix et orchestre; ibid.

33° Messe en ut, pour le couronnement de l'empereur de Russie; Varsovie,1829.

34° Messe pour quatre voix seules; Varsovie, Bizezina.

35° Messe pour trois voix d'hommes et orgue; ibid.

36° Messe pour quatre voix d'hommes sans accompagnement; ibid.

37° Requiem dedicatum manibus Alexandre I, quatuor voccum instrum.; ibid.

38° Graduels pour quatre voix seules, ibid.

39° Graduels pour trois voix d’homme et orgue, ibid.

40° Hymnus Ambosianus pro vocibus quatuor cum instrum. Leipsick, Breitkopf et Härtel. 

41° Messe à quatre voix et orchestre; Varsovie, Plachelzki.

42° Messe en sol à 2 et 4 voix, sur le texte polonais; ibid.

43° Motet (Gloria et honore) pour deux chœurs; œuvre 28 de musique d'église; Leipsick, Hoffmeister.

44° Vêpres à 4 voix et orchestre;  Posen, Simon.

45° In te Domine speravi, motet à 4 voix.

46° Veni sancte Spirilus, hymne de Saint-Joseph et hymne pour la fête de Noël, avec acc. de 2 violons, alto, flûte obligée et orgue.

47° Hymne de Sainte-Cécile, en ut.

48° De profundis pour trois voix d'homme, et quelques instruments à vent; Varsovie, Brzezina.

49° Offertoires pour quatre voix seules; ibid.

50° idem. pour 3 voix d'hommes et orgue; ibid.

51° Deux offertoires pour 4 voix, 3 violons, alto, cor et basson solo; Posen, Simon. 

52° Veni creator à 8 voix, ibid.

53° Veni creator à 4 voix, ibid.

54° Te Deum pour 4 voix, trompette et timbales.

55° Ave Maria à 4 voix et orchestre.

56° Messe de Sainte-Cécile, en ré mineur, œuvre 87.

57° Messe solennelle en la, op.88.

58° Stabat Mater pour 4 voix solo, un et deux chœurs, altos, violoncelles, contrebasse

et instruments à vent, op.93.

59° La Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, oratorio.

60° Le Triomphe de la foi, oratorio exécuté à Pétersbourg, en 1840.

61° La Cantique de Siméon, à 3 voix.

62° Messe pour 4 voix d'hommes avec orchestre.

63° Deuxième Messe; idem.

64° Messe à 4 voix d'hommes, solos avec chœur.


[ III ]. Musique instrumentale

65° Symphonie à grand orchestre en ré.

66° Idem, en ut, œuvre 11; Offenbach, André.

67° Idem, en si bémol, op.17; Leipslck, Breitkopf et Härtel.

68° Deux Polonaises pour l'orchestre; Offenhach, André.

69° Thème avec variations; idem.

70° Variations; idem; avec écho nocturne.

71° 27 Suites de contredanses; idem– 

72° Six quatuors pour deux violons, atto et basse.

73° Quatuor en fa pour piano, violon, alto et basse.

74° Grand quatuor en mi bémol; idem, œuvre14; Paris, Hentz- Jouve.

75° Sonate à quatre mains pour piano, Paris, Érard.

76° Trois Polonaises pour le piano; Leipsick, Péters.

77 Trois rondeaux à la mazureck pour piano; ibid.

78° Marche mililaire pour piano, arrangée par Riem; Leipsick, Hoffmeister.

79° Polonaise pour piano et orchestre; Varsovie, Klukowski. 

80° Des concertos pour divers instruments, en manuscrit.


IV. Musique de chant :

81°  Morceaux de chant et chansons à voix seule, avec acc. de piano, 24 cahiers.

82° Six airs italiens et un duo; Varsovie. 

83° Plusieurs morceaux pour les francs-maçons.

84° Morceaux pour 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10 voix avec texte polonais, à l'usage du Conservatoire de Varsovie. 

85° Canons à 3, 4 et 5 voix.


Les productions d'Elsner ont dans le style de la musique de Paër et de Mayer. Dans sa musique d'église il y a un peu trop de formes modernes et dramatiques; on y trouve de la facilité une manière naturelle de faire chanter les voix, mais peu d'originalité et de variété dans les idées.  Elsner écrit avec assez de pureté, bien qu'il laisse voir dans ses fugues que ses études n'ont pas été fortes.


Elsner est aussi l'auteur d'un petit mémoire intéressant qui a pour titre : In wie Weit ist die polnische Sprache zur Musik geeignet (Jusqu'à quel point la langue polonaise est favorable à la musique). Cet écrit a été publié dans le journal de Kotzbue intitulé Freymuthigen, ann. 1803, n° 122, et 487.  Il fut composé originairement en langue polonaise.  On connaît aussi un autre ouvrage de lui, pour l'usage des élèves du Conservatoire de Varsovie, intitulé 0 Ritmicznosci i metryez nosci ienzyka Polsiego (Du rhythme et de la prosodie de la langue polonaise). Mme Elsner a été longtemps cantatrice à l'opéra de Varsovie.


Extrait de Tome III; P.106-107 de la « Biographie Universelle des Musiciens »  

par François-Joseph Fétis, 1860-1866 @BnF Gallica.







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