vendredi 11 septembre 2020

DUBOIS (Théodore)

 DUBOIS (Théodore) 

( le 24 août 1837 - le 11 juin 1924 ) selon Wikipédia



DUBOIS (Clément-François-Théodore), un des jeunes maîtres qui semblent devoir être l’honneur et le soutien de la jeune école musicale française, est né à Rosnay (Marne), le 24 août 1837.  Il vint jeune à Paris et entra au Conservatoire, où il fit de brillantes études, sous la direction de M. Laurent pour le piano, de M. Bazin pour l'harmonie et accompagnement, de M. Benoist pour l'orgue, enfin de M. Ambroise Thomas pour la fugue et la composition. En 1853, il obtenait un premier accessit d'harmonie et accompagnement; en 1856, le premier prix d'harmonie et un troisième accessit de piano; en 1857, un second accessit de piano, un premier accessit d'orgue et le premier prix de fugue; en 1858, le second prix d'orgue ; en 1859, le premier prix d'orgue et le second prix de Rome à l'Académie des Beaux-Arts ; enfin, en 1861, le premier grand prix de Rome. Le concours de Rome était particulièrement brillant en cette année 1861, puisque, outre le premier prix décerné à M. Théodore Dubois, l'Académie jugea à propos de donner deux seconds prix, l'un à M. Salomé, l'autre à M. Anthiome, et qu'une mention honorable fut attribuée à M. Charles Constantin. Et pourtant M. Dubois fut couronné dans des circonstances tout exceptionnelles ; à peine entré en loge il tombait malade, atteint de la petite vérole, et était contraint de s'aliter. Tout le monde le croyait hors de concours, mais on comptait sans son courage et son énergie ; à peine convalescent, il sollicita un sursis, qui lui fut naturellement accordé, et c'est dans de telles conditions qu'il acheva sa cantate de façon à mériter le premier prix.


  Chantée en séance publique par Mlle Monrose, MM. Warot et Battaille, celle cantate dépassait la moyenne ordinaire des œuvres de ce genre, et voici comment en parlait un journal spécial, la Revue et Gazette musicale: « La cantate de M. Dubois est certainement l'une des meilleures que nous ayons entendues. Le, texte poétique avait pour sujet et pour titre Atala. M. Victor Roussy n'en a pas tiré des situations bien fortes, mais elles fournissaient au compositeur une carrière suffisante, et M. Dubois en a profité avec un vrai talent. Son prologue instrumental est d'un style excellent, d'un coloris gracieux et tendre; ses morceaux de chant ont le tour mélodique et se distinguent par une certaine liberté qui annoncent le maître....».


  Parti pour Rome, M. Dubois y travailla avec ardeur, et envoya à l'Académie des Beaux-Arts, outre une messe solennelle et une première ouverture, une seconde ouverture de concert, en ré, qui fut exécutée au Conservatoire en 1866. De plus, c'est d'Italie qu'il prit part au concours ouvert au Théâtre-Lyrique (1864) pour la composition d'un opéra en trois actes, la Fiancée d'Abydos. Ce concours, exclusivement réservé aux grands prix de l'Institut qui n'avaient eu encore aucun ouvrage représenté, réunit MM. Bartle, 1“ prix de 1854, Jean Conte (1855), Samuel David (1858), Paladithe (1860) et Th. Dubois (1861). Ce fut M. Barthe (Voyez ce nom) qui fut couronné. Depuis lors, M. Dubois a fait exécuter, dans quelques concerts, des fragments de sa partition de la Fiancée d'Abydos, et je me souviens d'en avoir entendu un chœur dansé qui est d'un effet charmant.


  De retour en France en 1866, M. Dubois se livra à l'enseignement, tout en cherchant inutilement à se faire jouer, comme il arrive à tous nos jeunes compositeurs. Il devint maître de chapelle à l'église Sainte-Clotilde, et, ne pouvant se produire au théâtre, se tourna du côté de la musique sacrée et fit exécuter en cette église, le vendredi saint de l'année 1867, une œuvre très importante et très- soignée, les Sept Paroles du Christ, oratorio pour soli, chœurs et orchestre, dont la Société des concerts du Conservatoire fit entendre, quelques années plus tard, deux fragments fort remarquables et qui décelaient un maître à venir. Bientôt M.Dubois produisait, dans les concerts, plusieurs compositions de divers genres : à la Société nationale de musique quatre jolies mélodies vocales, trois morceaux de piano, et un chœur religieux avec soll, Deus Abraham, d'un excellent effet ; et au Casino une ouverture de concert en si mineur.


  Cependant, depuis quatre ans, le jeune artiste avait fait recevoir à l'Opéra-Comique un ouvrage en un acte, la Guzla de l'Émir. Impatienté de voir que ce théâtre, manquant à sa mission et à ses engagements, ne se décidait pas à le jouer, il retira sa partition et la porta au petit théâtre de l'Athénée, qui la mit aussitôt à l'étude et où la Guzla fut représentée avec un vif succès le 30 avril 1873. La Guzla de l'Émir est un ouvrage charmant et plein de distinction, écrit dans le vrai ton de l'opéra- comique, et qui, partout ailleurs qu'en France, où Ies musiciens sont si peu encouragés, aurait ouvert à son auteur les portes des théâtres les plus importants.


  M. Dubois avait prit part en 1867 au concours ouvert pour la partition du Florentin; il n'y avait pas été plus heureux qu'à celui de la Fiancée d'Abydos, car cette fois l'heureux vainqueur fut M. Ch. Lenepveu (Voyez ce nom). Il n'en est pas moins vrai que le jeune compositeur semble posséder toutes les qualités qui constituent le musicien dramatique : le sentiment de la scène, l'abondance mélodique, et la science de la modulation et de l'instrumentation. Cependant, ne trouvant pas à se reproduire au théâtre, il ne se découragea point et tourna ses vues ailleurs. Il fit exécuter aux concerts du Châtelet (9 février 1874) de jolies Pièces d'orchestre, aux Concerts populaires (1er novembre 1874) un air de ballet élégant, à la Société nationale de musique (13 février 1875), un motet: Tu es Petrus, pour choeur et solo avec accompagnement d'orgue, harpe, violoncelle et contrebasse, et publia un joli recueil de 12 Petites pièces pour piano (Paris, Hartmann). Enfin, il écrivit un grand oratorío, le Paradis perdu, qui n'a pu être exécuté jusqu'ici, mais que le nouveau Théâtre Lyrique doit produire incessamment dans une de ses intéressantes matinées musicales.


  Heureusement pour lui, M. Th. Dubois n'est pas à la merci des directeurs de théâtres. Fort jeune encore, il a su se faire une situation honorable et indépendante. Devenu d'abord maître de chapelle à la Madeleine, dont il est aujourd'hui organiste, il a été appelé, en 1871, à recueillir la succession de M. Elwart comme professeur d'harmonie au Conservatoire. Il occupe donc une situation enviable, et telle que bien des prix de Rome, hélas ! revenus aujourd'hui de leurs illusions premières, seraient heureux de la posséder. Il n'en est pas moins douloureux de voir qu'un artiste si bien doué ne puisse se produire plus fréquemment devant le public, et qu'il n'ait pu jusqu'ici donner qu'une seule fois la preuve de ses rares facultés scéniques.


  En dehors des œuvres énumérées ci-dessus, M. Dubois a publié, chez l'éditeur M. Heugel, plusieurs jolies pièces de piano : Chœur et Danse des lutins, op.7; Marche orientale, op.8; Scherzo, op.10; Bluette pastorale, op.11; Rêverie-prélude, op.12; Allegro de bravoure, op.13; Scherzo et choral, op.18; Divertissement, op.19; Intermezzo, op.20. 


  M.Théodore Dubois a épousé Mlle Duvinage, fille du chef d’orchestre de l’ancien théâtre de la Renaissance.



Extrait du Supplément Tome I; P.282 -284 de la « Biographie Universelle des Musiciens »  par François-Joseph Fétis, 1878 @BnF Gallica.






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