lundi 31 août 2020

NEUKOMM (Sigismond)

NEUKOMM (Sigismond)

(le 10 juillet 1778 - le 3 avril 1858) 


NEUKOMM (Sigismond), compositeur, est né le 10 avril*(sic) 1778, à Salzbourg. Dès la sixième année de son âge, il montra un penchant décidé pour la musique.  Son premier maître fut l'organiste Weissauer, que Neukomm fut bientôt en état d'aider dans l'exercice de ses fonctions.  La plupart des instruments à cordes et à vent lui étaient devenus familiers, et sur quelques-uns il était d'une habileté assez remarquable.  Dans sa quinzième année, il obtint la place d’organiste à l'université.  Son père, homme instruit et premier professeur de l'école normale de Salzbourg, lui fit faire des études classiques ont les avantages se sont révélés en beaucoup de circonstances de sa vie.  Pendant qu'il suivait les cours des collèges, Michel Haydn, dont la femme était parente de la mère de Neukomm, lui donna des leçons de contrepoint et d'harmonie, et se fit souvent remplacer par lui dans ses fonctions d'organiste de la cour. Parvenu à l'âge de dix-huit ans, Neukomm fut nommé corépétiteur de l'Opéra : cette occupation acheva de développer son penchant pour la musique, et lui fit prendre la résolution de se livrer exclusivement la culture de cet art.  


Après avoir achevé à l’université ses cours de philosophie et de mathématiques, il quitta Salzbourg en 1798, et se rendit à Vienne, où Joseph Haydn, sur la recommandation de son frère, l'adopta pour élève et le traita comme un fils.  Pendant plusieurs années, le jeune artiste recueillit les fruits de cette heureuse position, et reçut les conseils de l'homme célèbre. Vers la fin de 1806, Neukomm s’éloigna de Vienne pour se rendre en Russie, prenant sa route par la Suède. Arrivé à Stockholm en 1807, il y fut nommé membre de l'académie de musique, puis il se rendit à Pétersbourg, où la direction de la musique de l'Opéra allemand lui fut confiée. La société philharmonique de cette ville le choisit aussi pour un de ses membres. Pendant son séjour dans cette capitale et à Moscou, il fit exécuter avec succès quelques-unes de ses compositions; mais ses premiers ouvrages ne furent publiés qu'après son retour en Allemagne.  Une maladie sérieuse, occasionnée par l’avis de la mort de son père, l'obligea de renoncer à la direction de la musique du théâtre impérial allemand.  De retour à Salzbourg, il y resta peu de temps, et se rendit à Vienne, où 'il n'arriva qu'au moment de la mort de Haydn.


Après la paix qui suivit la campagne de 1809, Neukomm se rendit à Paris, où ses liaisons avec les artistes et les savants les plus distingués le fixèrent pendant plusieurs années. Il y trouva dans la princesse de Vaudémont une protectrice qui le présenta au prince de Talleyrand et le lui recommanda avec chaleur.  A cette époque, Dussek était attaché comme pianiste à la maison de ce personnage politique; mais déjà sa santé commençait à s'altérer. Bientôt après il fut obligé de se rendre à Saint-Germain, dans l'espoir qu'un air plus pur pourrait hâter sa guérison, et pendant son absence, Neukomm le remplaça auprès du prince. On sait qu'après avoir langui dans sa retraite champêtre, Dussek mourut en 1812.  Dès ce moment, Neukomm fut définitivement installé chez le prince de Talleyrand.  En 1814 il l'accompagna au congrès de Vienne; un Requiem qu'il avait composé en commémoration

de Louis XVI fut exécuté dans l'église St-Étienne de cette ville, par un chœur de 300 chanteurs, en présence des empereurs, rois et princes réunis au congrès.  En 1815 le prince de Talleyrand fit obtenir à Neukomm la décoration de la Légion d'honneur, et des lettres de noblesse.  De retour à Paris après les Cent-Jours, il y reprit ses travaux.  


En 1816, il accompagna le duc de Luxembourg, qui allait en ambassade extraordinaire à

Rio-Janeiro.  Le roi don Pedro le choisit pour maître de sa chapelle et lui fixa un traitement

considerable.  Neukomm enjouit pendant plus de quatre ans; mais après la révolution du Brésil, qui obligea le roi à repasser en Europe, il renonça de son propre mouvement à son titre et aux appointements qui y étaient attachés. De retour à Paris au mois d'octobre de la même année, il retrouva sa place dans l’hôtel de Talleyrand, reprit ses travaux et les douces habitudes de sa vie.


Depuis longtemps il éprouvait le désir de visiter l'Italie; en 1826, il réalisa son projet de

voyage en ce pays, qui lui offrait des objets d'études variés; il visita Milan, Florence, Bologne, Rome, Naples et Venise. Dès ce moment, un goût passionné de voyages sembla s'être emparé de lui.  En 1827 il parcourut la Belgique et la Hollande; deux ans après il se rendit en Angleterre et en Écosse:  il y fut accueillit avec distinction par Walter Scott et quelques autres hommes remarquables. Rentré à Paris dans les premiers mois de 1830, il n'y resta que peu de temps, parce qu'il accompagna Talleyrand dans son ambassade à Londres, après la révolution du Juillet. Il alla à Berlin en 1832 et y fit exécuter deux fois son oratorio La Loi de l'Ancien Testament, ainsi que plusieurs autres compositions;  puis il visita ses amis de Leipsick et de Dresde.  De retour à Londres, il y passa l'hiver de 1832-1833, fit ensuite un second voyage en Italie, et s'arrêta dans le midi de la France pendant l'hiver de 1833-1834.  Profitant de la proximité de Toulon, il fit une excursion à Alger et dans les possessions françaises de l'Afrique.  Paris et Londres le revirent pendant les années 1835 et 1836.  Il s'était proposé de parcourir l'Amérique septentrionale pendant cette dernière année; mais une maladie douloureuse le retint en Angleterre au moment même où il allait s'embarquer.  Rendu à la santé, il reprit le cours de ses voyages, visita de nouveau la Belgique, Francfort, Darmstadt, Heidelberg, Mannheim et Carlsruhe. De retour ensuite à Paris, il y passa plusieurs années, puis il fit un voyage en Suisse.  En 1842, il dirigea la fête musicale de Friedberg et celle de Salzbourg, à l'occasion de l'érection du  monument de Mozart, il retourna ensuite en Angleterre, pays qu'il affectionnait et où il avait beaucoup d'amis. 


Depuis quelques temps sa vue s’affaiblissait par la formation de la cataracte sur les deux yeux. Il finit par devenir complètement aveugle. En 1849, il se fit faire l’opération par un célèbre oculiste de Manchester: elle eut le plus heureux résultat. En 1849, je retrouvai ce vieil ami à Munich: il était encore obligé de porter des lunettes colorées de diverses manières en raison de l'état de la lumière dans les différentes parties du jour : mais en dépit de ses souffrances passées et des préoccupations que lui donnait son état actuel, il était encore plein d’enthousiasme pour les belles œuvres de musique sérieuse que nous entendîmes dans quelques églises ainsi qu'à la chapelle royale. Lorsque je revis Neukomm à Londres en 1851, où il était membre du Jury de l'exposition universelle, il avait retrouvé la santé et sa douce gaieté habituelle. Peu de temps après il fit un voyage en Orient et s'arrêta quelque temps à Constantinople.  Dans un voyage que je fis à Paris en 1856, nous nous vîmes plusieurs fois, et je remarquai qu’il y avait en lui des symptômes d'affaiblissement.  Il a cessé de vivre dans cette ville, le 3 avril 1858, à l'âge de quatre-vingts ans.


Nonobstant les distractions multipliées de ses voyages, Neukomm a produit une si grande quantité de compositions de tout genre, qu'il est difficile de comprendre qu'il ait eu le temps nécessaire pour le travail matériel d'un si grand nombre d'ouvrages. Depuis l’âge de vingt-

cinq ans il tenait un catalogue thématique de ce qu'il avait écrit; voici le resumé qu'il m’en a 

envoyé en 1837 :

[ I ] Musique religieuse à plusieurs parties, avec ou sans accompagnement:

1° Oratorios : 2 en anglais, 5 en allemand.

2° Messes : 15 complètes

3° Te Deum : 5.

4° Grans chœurs: 3 en anglais,1 en russe.

5° Cantates d’église : 3 en anglais,1 en français, 1 en italien.

6° Morceaux détachés à plusieurs parties : 25 en latin, 9 en français, 12 en anglais, 2 en allemand. 

7° Collection d'antiennes et d'autres morceaux à plusieurs parties, en langue latine, composés pendant le voyage de Brest à Rio-Janeiro.

8° Collection considérable d'hymnes chorales sur des paroles anglaises,

9° The morning and evening service (Service du matin et du soir, à 4 parties), complet. 

Ces deux derniers ouvrages, qui renferment une multitude de pièces, ont été composés en Angleterre.

10° Psaumes à voix seule :4 en latin, 7 en italien, 10 en anglais, 17 en allemand. 

11° Psaumes à plusieurs parties: 10 en latin, 2 en russe, 7 à 2 voix, en anglais; 3 à 3 voix, idem; 2 à 4 voix idem; 3 à 5 voix, idem; 2 à grand chœur, idem;  1 à double chœur pour 8 voix, idem.

12° Cantates d'église et morceaux détachés à voix seule: 62 en anglais, 16 en latin,  2 en italien, 2 en français, 27 en allemand.


[ II ] Musique dramatique :

13° 10 opéras allemands.

14°  3 scènes détachées en italien.


[ III ] Musique vocale de concert et de chambre

15° Chœurs: 2 en portugais, 4 en anglais, 2 en allemand.

16° Trios : 2 en italien, 1 en anglais, 1 en français.

17° Duos : 1 en italien, 5 en français.

18° Cantates : 1 en français,  2 en italien.

19° 73 chansons allemandes.

20° 75 chansons anglaises

21° 50 romances françaises.

22° 4 canzonettes italiennes.


[ IV ]. Musique instrumentale :

23° Fantaisies et élégies à grand orchestre : 7.

24° 5 ouvertures détachées 

25° Une symphonie à grand orchestre.

26° Quintettes, quatuors, etc., pour divers instruments, au nombre de 23. 

27° 25 marches militaires, et autres pièces d’harmonie.

28° Duos, valses, etc., pour divers instruments.

29° Un concerto pour piano.

30° 10 sonates et caprices pour le même instrument.

31° Variations idem, 9 suites.

32° 8 fantaisies idem.

33° 57 pièces d’orgue.

34° Des exercices d'harmonie et des sorfèges.


La récapitulation de ces compositions, faite au mois d'août 1836, présente un ensemble 

de 524 œuvres de musique vocale, et de 219 de musique instrumentale: en tout, 743. Beaucoup de ces morceaux ont été publiés en France, en Allemagne et en Angleterre; mais un plus grand nombre est resté en manuscrit. A cette longue liste: il faut ajouter les deux oratorios Christi Auferstehung (La Résurrection du Christ), et Christi Himmelfahrt (L'Ascension du Christ), dont les partitions réduites pour le piano ont été publiées en 1842, et un très-grand nombre d'ouvrages de tout genre écrits depuis 1837. Neukomm était considéré comme un des meilleurs organistes de son temps.



 Extrait de Tome VI; P.303-305 de la « Biographie Universelle des Musiciens »  

par François-Joseph Fétis, 1860-1866 @BnF Gallica.


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